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Les distorsions vocales, le screaming et la saturation dans le chant

  • Photo du rédacteur: MÈVA
    MÈVA
  • 8 juin
  • 4 min de lecture

La saturation vocale fascine. Elle traverse les styles et ouvre la voie à des émotions brutes et puissantes. Longtemps réservée au métal extrême, la distorsion vocale (aussi appelée saturation, voix saturée ou voix altérée) s’est aujourd’hui invitée dans le rock, la pop, le rap et bien d’autres univers.


Mais que se passe-t-il réellement dans le corps lorsqu’on produit une voix rauque, distordue ou criée ? Quels muscles sont impliqués ? Comment pratiquer ces effets de manière saine, sans danger pour les cordes vocales ?


Voici un guide complet et structuré, à la fois technique et pédagogique, pour mieux comprendre les distorsions vocales et les aborder avec confiance.


Un homme barbu portant un casque audio chante intensément dans un micro Shure SM7B, bouche grande ouverte en train de screamer. Il est en studio, entouré de panneaux acoustiques noirs. www.mevavoix.com
Un chanteur en pleine distorsion vocale dans un studio professionnel. Mevavoix

Comprendre les distorsions vocales : types et caractéristiques


1. Vocal Fry (synonymes : creaky voice, voix craquée, friture vocale)


  • Caractéristique :

    Son craquant, grave, lent et vibratoire.


  • Technique :

    Vibrations très lentes et relâchées des cordes vocales vraies, sans pression d’air.


  • Muscles impliqués :

    Détente des muscles thyroaryténoïdiens (TA), inhibition du cricothyroïdien (CT).


  • Utilisé dans :

    Fry scream, blues, effets dramatiques, intros.


  • Mise en garde :

    Ce son doit rester détendu. Aucun effort ni poussée d’air.



2. Growl (synonymes : rugissement, saturation supraglottique, fausses cordes)


  • Caractéristique :

    Son rugueux, profond, vibrant.


  • Technique :

    Mise en vibration des fausses cordes (cordes vestibulaires) au-dessus des cordes vocales vraies, avec une base vocale solide.


  • Muscles impliqués :

    Fausses cordes, constricteurs pharyngés, soutien abdominal.


  • Utilisé dans :

    Death metal, doom, chant chamanique.


  • Mise en garde :

    Jamais forcer. La gorge reste ouverte, l’appui vient du bas.


  • Données scientifiques :

    Selon une étude stroboscopique (Borchert et al., 2018), le growl n’entraîne pas de dommages laryngés visibles lorsqu’il est bien réalisé.



3. Fry Scream (synonymes : scream aigu, cri saturé léger)


  • Caractéristique :

    Cri aigu, abrasif, avec peu d’air.


  • Technique :

    Amplification du fry par résonance dans le masque (nez, front), appui léger mais précis.


  • Muscles impliqués :

    Coordination fine du souffle, résonateurs faciaux, relâchement glottique.


  • Utilisé dans :

    Metalcore, post-hardcore, black metal.


  • Mise en garde :

    Peut être instable. Ne jamais crier ni tendre le cou.


  • Observation :

    Le fry scream est souvent confondu avec le false cord scream, mais implique un appui beaucoup plus léger.


  • Données scientifiques :

    Zangger Borchert et al. (2021) ont observé une implication partielle des plis vocaux vrais, sans fermeture complète de la glotte, mais avec vibration modifiée. Cela soutient l’idée d’un effet bien contrôlé, non pathologique.



4. Grunt (synonymes : grondement court, saturation percussive)


  • Caractéristique :

    Explosion gutturale, brève et grave.


  • Technique :

    Variante rythmée du growl, courte et sèche.


  • Muscles impliqués :

    Fausses cordes, intercostaux internes, diaphragme.


  • Utilisé dans :

    Brutal death, grindcore.


  • Mise en garde :

    Son impactant. Bien gérer la récupération et l’ancrage entre chaque émission.


  • Données scientifiques :

    Visuellement reconnaissable via stroboscopie par la vibration des structures supraglottiques (Borchert et al., 2018).



5. Pig Squeal (synonymes : couinement porcin, distorsion aiguë nasale)


  • Caractéristique :

    Cri aigu, nasillard, très distordu.


  • Technique :

    Résonance nasale poussée, usage de la langue et du voile du palais.


  • Muscles impliqués :

    Langue, voile du palais abaissé, pharynx.


  • Utilisé dans :

    Goregrind, slam death.


  • Mise en garde :

    Extrêmement spécifique. Ne pas forcer l’aigu.



6. Voix rauque douce (synonymes : voix cassée, voix texturée)


  • Caractéristique :

    Grain subtil, rugosité légère.


  • Technique :

    Déséquilibre volontaire des cordes vocales en phonation douce.


  • Muscles impliqués :

    TA, soufflerie modérée, coordination glottique délicate.


  • Utilisé dans :

    Soul, jazz, folk et autres.


  • Mise en garde :

    Effet fragile. Éviter la surutilisation.



7. Belting distordu (synonymes : voix projetée rugueuse, distortion de belt)


  • Caractéristique :

    Voix puissante et texturée.


  • Technique :

    Belting avec activation contrôlée de la saturation supraglottique.


  • Muscles impliqués :

    CT et TA engagés, soutien diaphragmatique fort, ancrage corporel.


  • Utilisé dans :

    Rock, comédie musicale, pop dramatique.


  • Mise en garde :

    Technique avancée. Ne jamais ajouter la distorsion sans base solide.



8. Distorsion nasale (synonymes : voix métallique nasale, effet pincé)


  • Caractéristique :

    Pincement nasal, effet métallique.


  • Technique :

    Voile du palais relâché, compression nasale.


  • Muscles impliqués :

    Langue, voile du palais, parois nasales.


  • Utilisé dans :

    Effets spéciaux, chant expérimental.


  • Mise en garde :

    Usage ponctuel conseillé.



9. Subharmoniques (synonymes : voix grave vibrante, bifréquence)


  • Caractéristique :

    Note grave + résonance secondaire (1:2, 1:3).


  • Technique :

    Vibration en mode sous-harmonique avec pression et détente alternées.


  • Muscles impliqués :

    Coordination souffle-glotte, TA relâchés.


  • Utilisé dans :

    Chant mongol, guttural traditionnel.


  • Mise en garde :

    Doit être exploré avec patience et conscience corporelle.



10. Chant diphonique (synonymes : overtone singing, chant harmonique)


  • Caractéristique :

    Deux sons audibles (fondamental + harmonique).


  • Technique :

    Amplification précise d’un formant par placement buccal.


  • Muscles impliqués :

    Langue, lèvres, joues, voile du palais.


  • Utilisé dans :

    Mongolie, Tuva, méditation vocale.


  • Mise en garde :

    Subtil, lent, exigeant. Préférer une exploration douce.



Conclusion


Les distorsions vocales sont une richesse artistique immense lorsqu’elles sont bien maîtrisées. Elles permettent d’ouvrir la palette expressive, d’explorer ses limites corporelles et de toucher des états émotionnels intenses.


Mais ces effets demandent rigueur, patience, conscience et souvent un accompagnement spécialisé. Le placement d'une voix saine permet l'exploration et éventuellement la maîtrise de multiples distorsions vocales.


Des études récentes (Borchert et al., 2018 ; 2021) confirment que ces techniques peuvent être pratiquées de façon saine, à condition d’être bien encadrées.



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